Les mains
J’ai toujours été fascinée par les mains.
Je me souviens
De la main large et puissante de mon père dans laquelle se perdait ma main d’enfant,
Des mains de ma mère, abimées par les rudes travaux et si déformées dans sa vieillesse,
Des menottes de mes enfants nouveau-nés,
Des mains qui font vivre la musique,
Des mains qui dansent pour parler,
De tant de mains que je guide dans l’argile.
Longue, fine, trapue, menue… la morphologie de la main révèle- t- elle le tempérament de son propriétaire ? Je connais des mains fines qui sont brutales, et des mains pataudes qui savent se faire douces et légères… ! Il ne faut pas se fier aux apparences !
Que de gestes les mains ne savent-elles pas accomplir : agripper, serrer, pincer, brandir, tenir, prendre, tendre, empoigner, montrer, saluer, prier, parler, caresser, taper…. Elles traduisent nos intentions et nos sentiments, et nous révèlent sans que nous en soyons conscients.
Mes mains sont mon outil de travail. Et j’ai le bonheur de travailler une matière vivante, malléable, avec laquelle mes mains sont en contact direct : c’est la voie ouverte « des tripes aux mains », sans passer par le mental déformant et raisonneur !... Toute création, sans jugement de valeur, révèle au-delà de l’apparence, exprime ce que les mots sont incapables de dire.
Une réalisation maladroite mais vivante a plus de valeur à mes yeux qu’une œuvre esthétiquement réussie, mais vide de sens et d’émotion.
C’est pour cela que j’ouvre la porte de mon atelier à qui désire venir mettre les mains dans l’argile avec moi. Exprimer ce que l’on porte en soi est le chemin vers la connaissance de nous même, et se connaître au-delà de ce que l’on montre est le chemin vers la paix intérieure.