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Chemins d'ombre et de lumière
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Chemins d'ombre et de lumière
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12 décembre 2013

une journée de cuisson

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Pendant toutes ces années à travailler l'argile, j'ai fait un choix : celui des terres cuisant à hautes températures : le grès et la porcelaine. J'aime ces longues cuissons où le feu et le temps se disputent degré par degré pour atteindre 1300 ° !

Mais les personnes qui viennent s'initier dans mon atelier modèlent, façonnent, émaillent ....et récupèrent le résultat de leur travail sans avoir participé à cette phase primordiale qu'est la cuisson, qui reste pour eux un peu mystérieuse et les laisse un peu frustrés !
Que faire pour remédier à cela ?
La technique du raku m'a semblée une solution, malgré le fait que je n'en suis pas une spécialiste, et le danger de tomber dans le courant facile de l'animation à la mode, à l'opposé de l'esprit dans lequel je travaille et m'efforce d'entrainer tous ceux qui viennent mettre les mains dans l'argile avec moi.

Qu'est ce que le "RAKU" ?
C'est une technique de cuisson d'origine japonaise, qui s'est occidentalisée. Ce qui se pratique aujourd'hui, n'a plus beaucoup de points communs avec ses origines, mais l'essentiel est d'en conserver l'esprit et de laisser évoluer... Ce qui est intéressant, c'est que la cuisson d'émaillage à basse température (980° pour ce que je pratique) est réalisée rapidement, que chaque personne enfourne et défourne ses pièces, dans une manipulation délicate qui demande attention, concentration et suscite l'émotion et l'émerveillement qu'apporte  la collaboration avec le feu.

Le résultat nous apprend que l'on ne maîtrise pas tout, que l'argile et le feu participent à la création.

Un samedi de fin Novembre, le ciel nous a été clément : pas de pluie, même si le froid est un peu vif... A partir de 9h, les participants arrivent et commencent à émailler leurs créations. C'est une phase délicate, qui leur demande de me faire confiance : ce bain grisâtre va donner un bel émail lumineux et rosé? et ce brun un beau noir satiné ? la démarche de celui qui émaille n'a rien à voir avec celle du peintre ! Ici, il faut savoir rêver et imaginer, mais le pire, c'est que parfois le résultat est tout autre que celui attendu, et pas facilement explicable !
La première cuisson est mise en route et les personnes concernées suivent la montée en température, tandis que les autres continuent l'émaillage.

DSC04180            DSC04191                                       DSC04195

 

Lorsque l'écran indique 980°, tout le monde se rassemble près du four. Les appareils photos sont sortis, et le four est ouvert....merveille ....

 

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Armée de gants et d'une grande pince, la personne concernée prend ses pièces une à une et vient les déposer dans des récipients métalliques, sur un lit de foin ( ce pourrait être de la paille, ou de la sciure). Le végétal s'enflamme au contact de la pièce incandescente qui est alors recouverte d'une poignée de foin et le récipient est fermé. Privé d'oxygène, le feu meurt et l'oxyde de carbone œuvre sur l'argile et les émaux, c'est ce que l'on appelle : la réduction.

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Chacun y va de son commentaire, tousse (et oui, y'a beaucoup de fumée !), la tension baisse après cet instant intense en émotion devant la beauté de ces images uniques offertes par l'union de l'argile et du feu. 

Pendant que les pièces refroidissent dans leur lit de foin, que les émaux sont travaillés par une alchimie incontrôlée, nous enfournons de nouveau et relançons une autre cuisson. Cinq cuissons vont ainsi se succéder dans la journée.

Au bout d'une petite demi heure, nous ouvrons les récipients métalliques et sortons les pièces encore chaudes. L'émail chante en réagissant au choc thermique et témoigne ainsi de la vie qui anime toutes ces manipulations dans lesquelles nous sommes acteurs, mais bien conscients que nous n'avons pas le contrôle de toutes les réactions !!!

Une fois refroidies, les pièces sont lavées, frottées, et seulement là nous pouvons admirer leurs couleurs, les textures de l'argile dans laquelle le feu a laissé son empreinte.

Belle journée intense... qui nous laisse bien fatigués, mais heureux d’avoir vécu une expérience passionnante. Et dans une bonne ambiance, car la réussite des ces cuissons dépend aussi de l'entraide qui règne dans le groupe ! La convivialité n'est pas oubliée, entre deux cuissons, nous avons pris le temps de partager nos spécialités culinaires et de trinquer .....avec modération !!!

C'est quand la prochaine cuisson???

 

 

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Commentaires
C
Merci Dany de partager à distance les étapes de la création d'oeuvre! Fort instructif mais surtout très intéressant.
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